Bibliothèque   Page d'entrée


L'activation de films pour l'astrophotographie

Mis à jour: 2 mars 1999
Photo de Michel Saint-Laurent Michel Saint-Laurent

  • Introduction

    Malgré les développements technologiques en matière de détection de la lumière, l'utilisation de film à cristaux d'argent, en astrophotographie, reste toujours appropriée dans certaines circonstances. La photographie du ciel à très grand champ en est une. Ainsi, certains phénomènes ne peuvent être captés facilement, dans leur intégralité, qu'en photographie classique. Les comètes font partie des objets intéressants à capturer sur film argentique. L'appproche de la comète Hall Bopp nous donne l'occasion de ressortir nos bonnes vieilles caméras de petit ou grand format.

  • Pourquoi l'activation?

    L'activation du film est une étape normale dans la pratique de l'astrophotographie conventionnelle. Les films sont très peu sensibles aux éclairages très très faibles. L'activation vient pallier à ce problème d'utilisation de la pellicule photographique.

  • Un peu de théorie! (document en annexe)

  • L'équipement nécessaire

    Il existe sur le marché des kits d'activation complets fabriqué par la compagnie Lumicon. Ces ensembles coûtent entre 400 et 1000 dollars approximativement. Il est également possible de fabriquer soi-même de tels ensembles afin d'obtenir des caractéristiques supérieures et à un coût moindre. Il n'y a rien de compliqué dans un kit d'activation. Toutes les composantes sont mécaniques, à l'exception du contrôle de température.

  • Les composantes

    Figure 1

    Figure 2 La cuve proprement dite sert à contenir la pellicule que l'on désire activer. Elle doit résister au vide et à la pression. En plus, elle doit être étanche à la lumière, ce qui est presque automatique quand elle est étanche au vide!

    Les cuves sont fabriquées en métal et l'étanchéité du couvercle est assurée par un joint torique. La cuve doit être munie d'une valve et d'un manomètre pour mesurer la pression du gaz d'activation présent dans la cuve. Le volume de la cuve aura un impact sur la durée d'activation et sur les formats de films activables. Un grand volume va consommer plus de gaz évidemment.

    La bombonne de gaz contient le mélange d'hydrogène et d'azote. Elle peut être munie d'un manomètre afin de faciliter les remplissages. Figure 3 Toutes sortes de réservoirs peuvent être utilisés pour le "forming gas" (terme anglais), tels que les bombonnes pour le propane et les réservoirs pour l'air comprimé vendu chez Canadian Tire pour une trentaine de dollars.

    Le mélange de gaz lui-même peut être acheté au Québec auprès de la Société Royale d'Astronomie Centre de Québec, de grossistes en produits chimiques (en bombonnes de 2500 lbs seulement) ou en toutes petites quantités chez Lumicon. Il faut un mélange de 8% d'hydrogène et 92% d'azote sans contaminant. Le mélange doit être précis, au risque d'être détonnant. L'hydrogène est extrêmement détonnant à des concentrations plus grandes et plus faibles. Donc, pas d'erreur de mélange s'il vous plaît. Cependant, un mélange bien fait est absolument sécuritaire (non explosif) et peut être gardé n'importe où.

    Figure 4 La pompe à vide sert à purger la cuve de l'air ambiant. Il existe plusieurs sortes de pompes, allant des pompes à main aux pompes industrielles. La qualité du vide a un impact majeur sur les temps d'activation. Ainsi, les petites pompes nécessitent plus d'une purge. Il s'agit d'effectuer un premier vide et d'envoyer du gaz d'activation et de refaire le vide. On répète le processus deux à trois fois afin d'éliminer le maximun d'oxygène et d'humidité. Evidemment, l'utilisation d'une bonne pompe mécanique électrique simplifie la procédure.

    Figure 5 L'élément chauffant permet de chauffer la cuve afin d'accélérer le traitement et surtout d'atteindre un niveau d'activation suffisant. Plusieurs solutions sont envisageables. Personnellement, j'utilise le four de ma cuisinière électrique. Il faut cependant une cuisinière récente dotée d'un thermomètre électronique précis et surtout capable de travailler entre 100 et 150 degrés farenheit avec des incréments de 5 degrés ou moins. Sinon, il faut penser à se construire une boîte isolée munie d'un élément chauffant et d'un contrôle de température suffisamment précis.

  • Comment activer le film?
      Les étapes:
    • Placer le film dans la cuve dans sa cassette ou sur une spirale
    • Faire le vide (en purgeant plus d'une fois au besoin)
    • Introduire le gaz dans la cuve
    • Chauffer la cuve pendant un certain temps
    • Retirer la pression et récupérer le film
    • Exposer le film

    Pour placer le film dans la cuve, il est préférable, pour le film 35 mm, d'activer le film directement dans sa cassette de métal. On évite ainsi des manipulations inutiles qui risquent d'abîmer le très très fragile Technical Pan. En plus, on risque d'attirer la poussière à cause de l'électricité statique. Les grains de poussière à l'exposition sont pratiquement impossibles à faire disparaître à la retouche. Le film monté en spirale (comme pour le développement) s'active légèrement plus rapidement. Il faut, dans ce cas, charger et décharger le film dans la cuve à la noirceur totale. Pour le film format 120, je préfère le dérouler sans le détacher de son papier et le déposer en vrac dans la cuve.

  • Exemples:

    Figure 6

    Figure 7

    Il faut d'abord établir sa propre recette d'activation à partir de (recettes de base). J'entends par recette l'ensemble des conditions entourant une activation. Il faut établir ses propres standards. Pour cela, il faut prendre des notes et contrôler précisément toutes les variables de notre environnement. La recette d'une autre personne ne peut que servir de point de départ pour établir notre propre recette. Trop de variables diffèrent d'un kit à l'autre. Les principaux écarts viennent du volume des cuves, de la qualité du vide, du gaz lui-même (précision du mélange, présence ou non de contaminants), du contrôle de la température et finalement du développement du film.

    La règle consiste à prendre des notes de nos expériences et à tester des bouts de films non exposés. Il est inutile de gaspiller des nuits pour tester des recettes. Cela se fait en mesurant la densité du film avec et sans activation. Tous les laboratoires photos (une heure) disposent d'un densitomètre. La majorité des techniciens ignorent le nom de l'instrument mais ils se doivent d'en avoir un pour calibrer leur processeur. S'ils n'en n'ont pas, changez de labo (ça arrive malheureusement).

    Vous utilisez deux bouts de pellicule non exposée d'une même bobine (du moins d'un même lot), un qui vous servira d'étalon et l'autre que vous activerez. Vous appliquez une recette de base (température, pression, durée) en notant également la méthode (nombre de purges, etc.). Vous développez ou faites développer les deux bouts de pellicule en même temps. Ensuite, vous faites prendre la densité neutre des deux échantillons.

    Le 2415 devrait avoir une densité neutre de .3 environ et le ppf .6. En fait, il faut viser une densité neutre de .1 supérieure à celle de l'étalon non traité. L'activation a pour effet d'augmenter le voile légèrement. C'est avec un écart de .1 que l'on obtient le maximum d'activation et le minimum de perte dû au voile.

    Un film trop activé sera visiblement voilé et un film pas assez activé se comportera comme un film ordinaire.

    Ce qui est intéressant, c'est que lorsque l'on a établi une recette pour un film (genre 2415), il est beaucoup plus facile d'établir une recette pour un autre. Il s'agit d'appliquer généralement un ratio dans le temps d'activation avec une autre recette connue. Par exemple, s'il faut 4 fois moins de temps pour activer du Fuji 800 par rapport à du 2415, il devrait en être de même pour votre environnement. Il est souhaitable de vérifier avec un étalon votre recette lors de changements majeurs (changement de mélange de gaz, changement de contrôle de température, etc.). Cependant, on peut considérer les films d'un lot à l'autre comme identiques.

    Les recettes de base
    Film température pression * temps de cuisson
    Tech pan 2415 135 f 5 lbs 12 heures
    Tech pan 2415 120 f 3 lbs 100 heures
    PPF 120 f 3 lbs 5 heures
    Fuji 800 S G 120 f 3 lbs 24 heures
    * Les pressions mentionnées ci-haut indiquent la pression au-dessus de la pression normale. Si votre jauge n'indique pas zéro à une atmosphère ajoutez 15 lbs aux valeurs indiquées.

  • Autre lien sur le WEB
Si vous avez des questions ou des commentaires, il me fera plaisir de vous répondre.

La partie théorique est adaptée du livre Photographie astronomique à grand champ de J.-L.Heudier, 1992, Collection De caelo.

Michel Saint-Laurent


Faites-nous part de vos commentaires.

Copyright ©; Il vous est cependant permis d'inclure dans vos propres documents des liens vers ceux-ci.
Les liens et documents présentés sur nos pages sont faits avec autorisation.